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ils emploient le fruit du figuier et la feuille du sébestier.

» Le fruit du figuier est à peu près aussi gros qu’un pois ou qu’une très-petite groseille, et lorsqu’on en rompt la tige, il en sort un suc laiteux comme celui du figuier d’Europe. Les femmes reçoivent cette liqueur dans une petite quantité d’eau de coco ; il faut trois ou quatre pintes de ces petites figues pour en préparer ainsi une roquille. Dès qu’on en a tiré une quantité suffisante, on y trempe les feuilles de l’étou, et on les met ensuite sur une feuille de bananier : on les y retourne jusqu’à ce qu’elles soient plus flasques : on les serre doucement, en augmentant la pression par degrés, de manière à ne pas rompre les feuilles. À mesure qu’elles deviennent plus molles et plus spongieuses, elles imbibent plus de liqueur : dans l’espace d’environ cinq minutes la couleur commence à paraître sur les veines des feuilles ; et en dix minutes, ou un peu plus, elles en sont parfaitement saturées. Les insulaires les pressent alors aussi fortement qu’il leur est possible.

» Les jeunes garçons préparent à cet effet une grande quantité de moué, en l’épluchant avec leurs dents ou entre deux petits bâtons, jusqu’à ce qu’il soit dépouillé de son écorce verte et de la substance farineuse qui est dessous, et qu’il n’y reste plus qu’un réseau de fibres transparent : ils y enveloppent les feuilles de l’étou, qui distillent alors la liqueur qu’elles