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bat successivement avec les autres côtés du maillet, et l’on finit par le plus uni ; alors l’étoffe sort achevée de la main de l’ouvrier. Quelquefois on applique plusieurs doubles de cette étoffe, qu’on bat avec le côté le plus uni du maillet ; dans ce cas elle s’amincit, devient presque aussi légère qu’une mousseline, et ils lui donnent le nom d’hobou. L’étoffe se blanchit très-bien à l’air ; mais elle acquiert plus de blancheur et de douceur lorsqu’on la lave et qu’on la bat derechef après qu’on l’a portée.

» Il y a plusieurs sortes de cette étoffe, de différens degrés de finesse, suivant qu’elle est plus ou moins battue sans être doublée. Les autres étoffes sont aussi plus ou moins belles, suivant qu’elles ont été battues ; mais elles diffèrent en même temps les unes des autres par les différens matériaux dont elles sont composées. On ne prend l’écorce de l’arbre à pain que lorsque les tiges sont beaucoup plus longues et plus épaisses que celles du figuier qu’on emploie quand elles sont plus jeunes.

» Quand les Taïtiens veulent laver cette étoffe après qu’elle a été portée, ils la font tremper dans une eau courante, où ils la laissent pendant quelque temps après l’avoir fixée au fond avec une pierre ; ils la tordent ensuite légèrement pour en exprimer l’eau. Quelquefois ils lui donnent alors une nouvelle fabrication ; ils en mettent plusieurs pièces l’une sur l’autre, et ils les battent ensemble avec le côté