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rive que l’écorce soit plus mince dans un endroit que dans un autre d’une couche, on en prend un morceau un peu plus épais pour le placer par-dessus dans la couche supérieure. L’écorce reste dans cet état jusqu’au lendemain matin ; alors la plus grande partie de l’eau qu’elle contenait étant imbibée ou évaporée, les fibres adhèrent si bien ensemble, que toutes les couches se lèvent de terre en une seule pièce.

» Après qu’on a ainsi levé la pièce, on la pose sur le côté poli d’un grande planche de bois préparée pour cet effet, et les servantes la battent avec de petits maillets d’environ un pied de long et de trois pouces d’épaisseur, faits d’un bois dur que les insulaires appellent étoa. La forme de cet instrument ressemble assez à un cuir de forme carrée pour repasser les rasoirs, excepté seulement que le manche est un peu plus long, et que chacune des quatre faces est sillonnée de rainures et de lignes proéminentes plus ou moins hautes ou profondes : celles d’un des côtés sont de la grosseur d’une petite ficelle ; les plus petites, de celle d’un fil de soie, et dans cet intervalle les autres diminuent par degrés.

» Ils battent d’abord l’écorce avec le côté du maillet où sont les plus grosses rainures, et ils frappent en cadence comme nos forgerons sur leur enclume. L’écorce s’étend très-promptement sous les coups, et les rainures de l’instrument y laissent l’empreinte d’un tissu : on la