Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils emploient pour manufacturer la plus fine. Lorsque les arbres sont d’une grandeur convenable, on les arrache, on les dépouille de leurs branches, et on en coupe ensuite les racines et les sommets. L’écorce, étant fendue longitudinalement, se détache avec facilité ; et lorsqu’on en a amassé une assez grande quantité, on la porte à un ruisseau d’eau vive, et on l’y laisse tremper après l’avoir chargée de pierres pesantes, pour qu’elle ne soit point entraînée par le courant ; quand on juge qu’elle est suffisamment macérée, les servantes vont au ruisseau, se mettent toutes nues, s’asseyent dans l’eau pour séparer l’écorce intérieure de la partie verte de l’épidémie ; elles placent à cet effet l’écorce intérieure sur une planche polie et aplatie ; elles la ratissent très-soigneusement avec la coquille que nos marchands appellent langue de tigre (tellina gargadia), et elles la plongent continuellement dans l’eau jusqu’à ce qu’il ne reste rien que les plus belles fibres de cette écorce. Quand elle est ainsi préparée dans l’après-midi, elle est étendue le soir sur des feuilles de bananier. Il paraît que cette partie de l’ouvrage offre quelque difficulté, puisque la maîtresse de la famille est toujours chargée de surveiller cette opération : on place les écorces l’une à côté de l’autre sur une longueur de trente à trente-six pieds, et une largeur d’environ un pied ; on en met deux ou trois couches l’une sur l’autre. On a grand soin que l’étoffe soit partout d’une égale épaisseur, et s’il ar-