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le mieux : la seconde étoffe, fabriquée avec l’écorce de l’arbre à pain, nommée ourou, est inférieure à la première en blancheur et en douceur, et ce sont surtout les Taïtiens de la dernière classe qui en font usage : la troisième sorte, manufacturée avec l’écorce du figuier, est grossière et rude, et de la couleur du papier gris le plus foncé ; quoiqu’elle soit moins agréable à l’œil et au toucher que les deux autres, c’est pourtant la plus utile, parce quelle résiste à l’eau, avantage que n’ont pas les deux premières. La plus grande partie de cette troisième étoffe, qui est la plus rare, est parfumée, et les chefs de Taïti la portent pour les habits de deuil.

» Ils ont grand soin de multiplier tous les arbres qui fournissent la matière première de ces étoffes ; ils donnent surtout une attention particulière au mûrier, qui couvre la plus grande partie des terres cultivées. Ils ne s’en servent que lorsqu’il a deux ou trois ans, qu’il est haut de six ou huit pieds, et un peu plus gros que le pouce. Les Taïtiens croient que la meilleure qualité qu’il puisse avoir est d’être mince, droit, élevé et sans branches : lorsque la tige porte des feuilles inférieures dont le bouton pourrait produire une branche, ils les arrachent soigneusement.

» Quoique les étoffes composées de l’écorce de ces trois arbres soient différentes, elles sont cependant fabriquées de la même manière. Je me contenterai donc de décrire les procédés