Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se lavent les mains et la bouche presqu’à chaque morceau qu’ils mangent ; on ne trouve sur leur vêtement et sur leur personne ni tache ni malpropreté ; de manière que, dans une grande compagnie de Taïtiens, on n’est jamais incommodé que de la chaleur ; et il n’est peut-être pas possible d’en dire autant de nos assemblées les plus brillantes en Europe.

» Si la nécessité est la mère de l’invention, on ne peut pas supposer que l’industrie ait fait beaucoup de progrès dans les pays où la prodigalité de la nature a rendu ces secours presque superflus. On en retrouve cependant chez les Taïtiens quelques exemples qui font d’autant plus d’honneur à leur activité et à leur adresse qu’ils ne connaissent point l’usage des métaux pour façonner des instrumens.

» L’étoffe qui leur sert d’habillement forme leur principale manufacture : leur manière de la fabriquer et de la teindre contient quelques détails qui peuvent être utiles, même aux ouvriers d’Angleterre ; c’est pourquoi je donnerai un peu plus d’étendue à ma description.

» Cette étoffe est de trois sortes, et composée de l’écorce de trois différent arbres, le mûrier à papier, l’arbre à pain, et un arbre qui ressemble au figuier sauvage des îles de l’Amérique.

» La plus belle et la plus blanche est faite avec le mûrier qu’ils appellent aouta ; elle sert de vêtement aux principaux personnages de l’île ; la couleur rouge est celle qu’elle prend