Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

boire, il prend le coco ainsi préparé, et en y faisant un trou avec son doigt ou avec une pierre, il suce la liqueur qu’elle contient. Dès qu’il a mangé son fruit à pain et ses poissons, il passe aux bananes, et ne fait qu’une bouchée de chacune, quoiqu’elle soit aussi grosse qu’un poudding noir. S’il a des corossols au lieu de bananes, il ne les goûte jamais, à moins qu’ils ne soient pelés ; pour cela, un de ses domestiques ramasse à terre une des coques, qui y sont toujours en quantité, et la lui porte ; il commence à couper ou racler la pelure, mais si maladroitement, qu’il emporte une grande partie du fruit. Si, au lieu de poisson, son repas est composé de viande, il doit avoir, pour la couper, quelque instrument qui lui tienne lieu de couteau : dans ce cas, on lui présente un morceau de bambou, qu’il partage transversalement avec ses ongles, et il découpe sa viande avec ces morceaux de bois. Pendant tout cet intervalle, quelques personnes de sa suite sont occupées à piler du fruit à pain avec un caillou sur un tronçon de bois. Lorsque le fruit à pain est pilé de cette manière et arrosé d’eau de temps en temps, il se réduit à la consistance d’une pâte molle ; on le met alors dans un vase assez ressemblant à un baquet de boucher : on y mêle quelquefois de la banane ou du mahié, suivant le goût du maître, en y versant de l’eau de temps en temps, et en l’exprimant ensuite avec la main. Le fruit à pain, ainsi préparé, ressemble assez à un flan épais ; on en remplit un grand coco