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en petit nombre, s’asseyent autour de lui, et, lorsque tout est prêt, il commence par laver ses mains et sa bouche avec de l’eau douce, ce qu’il répète presque continuellement pendant le repas ; il tire ensuite du panier une partie de sa provision, qui est composée ordinairement d’un ou deux petits poissons, de deux ou trois fruits à pain, de quatorze ou quinze bananes mûres, ou de six ou sept corossols. Il prend d’abord la moitié d’un fruit à pain, qu’il pèle, et dont il arrache la chair avec ses ongles ; il en met dans sa bouche autant qu’elle en peut contenir, et pendant qu’il la mâche, il prend un de ses poissons qu’il morcelle dans l’eau salée, et il place l’autre, ainsi que le reste du fruit à pain, sur les feuilles qui sont étendues devant lui ; il empoigne ensuite avec tous les doigts d’une main un petit morceau du poisson qui a été mis dans l’eau salée, et il le suce dans sa bouche de manière à en exprimer autant d’eau qu’il est possible : il en fait de même des autres morceaux, et entre chacun d’eux, au moins ordinairement, il hume un peu d’eau salée, qu’il puise dans une coque de coco ou dans le creux de sa main. Sur ces entrefaites, un des gens de sa suite prépare un coco vert, en détachant l’écorce extérieure avec ses dents, opération qui paraît très-surprenante à un Européen ; mais elle est si peu difficile, que plusieurs de nous en vinrent à bout avant notre départ de l’île, quoique auparavant ils pussent à peine casser une noisette. Lorsque le maître veut