Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est la source de leurs plus grands plaisirs, et que les deux sexes y parlent de tout sans retenue ni émotion, et dans les termes les plus simples.

» Les végétaux forment la plus grande partie de leur nourriture. Nous avons déjà dit qu’excepté les cochons, les chiens et la volaille, ils n’ont point d’animaux apprivoisés ; ceux-là même n’y sont pas en grande quantité. Lorsqu’un chef tue un cochon, il le partage presque également entre ses sujets ; et comme ils sont très-nombreux, la portion qui revient à chaque individu dans ces festins, qui n’arrivent pas souvent, est nécessairement très-petite. Les Taïtiens du commun se régalent plus fréquemment avec des chiens et de la volaille : je ne puis pas vanter beaucoup la saveur de leur volaille, mais nous convînmes tous qu’un chien du grand Océan était presque aussi bon qu’un agneau d’Angleterre. Ils ont probablement cet excellent goût, parce qu’ils se nourrissent uniquement de végétaux. La mer fournit à ces insulaires beaucoup de poissons de toute espèce ; ils mangent crus les plus petits qu’ils attrappent, comme nous mangeons les huîtres, et ils tirent parti de toutes les productions de la mer. Ils aiment passionnément les homards, les crabes et les coquillages qu’ils trouvent sur la côte. Ils mangent aussi des sèches, quoiqu’il y en ait de si coriaces, qu’il faille les laisser pourir avant de pouvoir les mâcher. Parmi les végétaux qui leur servent d’alimens, le