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» Les chefs ont des huttes d une autre espèce qui sont moins ouvertes, plus petites que les autres, et construites de manière qu’il les transportent sur leurs pirogues d’un endroit à l’autre, et les dressent comme des tentes. Elles sont fermées sur les côtés par des feuilles de cocotiers, qui ne les bouchent pas assez exactement pour empêcher l’air d’y entrer ; le chef et sa femme y couchent seuls.

» Les Taïtiens ont d’autres maisons beaucoup plus grandes, qui ne sont pas bâties pour un seul chef ou une seule famille, mais pour servir d’assemblée ou de retraite à tous les habitans d’un canton : quelques-unes de celles-ci ont deux cents pieds de long, trente de large, et vingt d’élévation jusqu’au faîte ; elles sont construites et entretenues aux frais communs du district pour lequel elles sont destinées, et elles ont, à un des côtés, une vaste place environnée d’une petite palissade.

» Ces maisons, ainsi que celles des familles particulières, n’ont point de murailles ; ce peuple n’a pas besoin de lieu retiré ; il n’a aucune idée de l’indécence, et il satisfait en public ses désirs et ses passions avec aussi peu de scrupule que nous apaisons notre faim en mangeant avec nos parens et nos amis. Des hommes qui n’ont point d’idée de la pudeur par rapport aux actions ne peuvent pas en avoir relativement aux paroles ; il n’est pas besoin de remarquer que la conversation de ces insulaires roule principalement sur ce qui