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ber dans son accès par la nouvelle fatigue qu’il avait essuyée pendant cette fâcheuse nuit. Ils étaient éloignés du vaisseau d’une longue journée de chemin ; il leur fallait traverser des bois impraticables dans lesquels ils pouvaient craindre de s'égarer et d’être surpris par la nuit suivante. Comme ils ne s’étaient préparés qu’à un voyage de huit ou dix heures, il ne leur restait pour provision qu’une espèce de vautour qu’ils avaient tué en se mettant en marche, et qui, partagé également, ne pouvait fournir à chacun d’eux que quelques bouchées. Ils ne savaient comment ils pourraient soutenir le froid, car la neige continuait à tomber ; ils jugeaient de la dureté de ce climat par une seule observation bien faite pour effrayer ; c’est qu’ils étaient alors au milieu de l’été ; le 21 décembre étant le plus long jour dans cette partie du monde ; et tout devait leur faire craindre les plus grandes extrémités du froid, lorsqu’ils étaient témoins d’un phénomène qu’on ne voit pas même en Norwège et en Laponie, dans la saison de l’année correspondante à celle où l’on se trouvait.

La pointe du jour commençant a paraître, ils jetèrent les yeux de tous côtés, et ne virent rien que de la neige qui leur paraissait aussi épaisse sur les arbres que sur la terre ; et de nouvelles bouffées se succédant continuellement avec la plus grande violence, il leur fut impossible de se mettre en marche. Ils ignoraient combien cette situation pouvait durer, et