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leurs corps, et dont l’opération est la plus douloureuse.

» Il est étrange que ce peuple soit si jaloux d’avoir des marques qui ne sont pas des signes de distinction ; je n’ai vu aucun Taïtien, homme ou femme, qui, dans un âge mûr, n’eût le corps ainsi peint. Peut-être cet usage a-t-il sa source dans la superstition. Cette conjecture est d’autant plus probable, qu’il ne produit aucun avantage visible, et que l’on éprouve de grandes douleurs pour s’y conformer. Quoique nous en ayons demandé la raison à plusieurs centaines de Taïtiens, nous n’avons jamais pu nous procurer aucune lumière sur ce point.

» Leur habillement est composé d’étoffes et de nattes de différentes espèces, que nous décrirons en parlant de leurs manufactures. Ils portent dans les temps secs un vêtement d’étoffe qui ne résiste pas à l’eau ; et dans un temps de pluie, ils en prennent un fait de natte. Ils l’arrangent de diverses manières, suivant leur fantaisie ; car il n’est point taillé en forme régulière, et il n’y a jamais deux morceaux cousus ensemble. L’habillement des femmes les plus distinguées est composé de trois ou quatre pièces ; l’une d’environ six pieds de largeur et trente de long, qu’elles enveloppent plusieurs fois autour des reins, de manière qu’elle pend en forme de jupon jusqu’au milieu de la jambe ; on l’appelle parou. Les deux ou trois autres pièces, d’environ huit pieds de long et trois de large, ont chacune un trou dans le milieu ; elles les mettent l’une