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peintes en noir, avec une dentelure profonde sur les bords, ce qui imitait imparfaitement la flamme ; mais on nous apprit qu’ils venaient d’une île voisine appelée Noououra, et qu’ils n’étaient pas originaires de Taïti.

» M. Banks a vu faire l’opération du tatouage sur le dos d’une fille d’environ treize ans. L’instrument dont se servirent les Indiens dans cette occasion avait trente dents : ils firent plus de cent piqûres dans une minute, et chacune entraînait après soi une goutte de sérosité un peu teinte de sang. La petite fille souffrit la douleur pendant l’espace d’un quart d’heure avec le plus ferme courage ; mais bientôt accablée par les nouvelles piqûres qu’on renouvelait à chaque instant, elle ne put plus les supporter ; elle éclata d'abord en plaintes, elle pleura ensuite, et enfin poussa de grands cris, en conjurant ardemment l’homme qui faisait l’opération de la suspendre ; il fut pourtant inexorable ; et lorsqu’elle commença à se débattre, il la fit tenir par deux femmes, qui tantôt l’apaisaient en la flattant, et d’autres fois la grondaient et la battaient même lorsqu’elle redoublait ses efforts pour échapper. M. Banks resta une heure dans une maison voisine pour examiner l’opération, qui n’était pas finie lorsqu’il s’en alla : cependant on ne la fit que d’un côté ; l’autre avait déjà été gravé quelque temps auparavant, et il restait à imprimer sur les reins ces arcs dont ils sont plus fiers que de toutes les autres figures qu’ils portent sur