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cheval blanc ; ils avaient aussi les cheveux, la barbe, les sourcils et les cils blancs, les yeux rouges et faibles, la vue courte, la peau crasseuse et revêtue d’une espèce de duvet blanc. Nous trouvâmes qu’il n’y avait pas deux de ces hommes qui appartinssent à la même famille, et nous en conclûmes qu’ils ne formaient pas une race, mais que c’étaient des malheureux défigurés par une maladie.

» Dans la plupart des pays où les habitans ont des cheveux longs, les hommes ont coutume de les couper court, et les femmes de tirer vanité de leur longueur. Le contraire a lieu à Taïti ; les femmes les portent toujours coupés autour des oreilles ; et les hommes, si l’on en excepte les pêcheurs qui sont presque continuellement dans l’eau, les laissent flotter en grandes boucles sur leurs épaules, ou les relèvent en touffe sur le sommet de la tête.

» Ils ont aussi coutume de s’oindre la tête avec ce qu’ils appellent du monoe, qui est une huile exprimée du coco, dans laquelle ils laissent infuser des herbes et des fleurs odoriférantes ; mais l’huile étant ordinairement rance, l’odeur est d’abord très-désagréable pour un Européen. Comme ils vivent dans un climat chaud, et ne connaissent pas l’usage des peignes, ils ne peuvent pas tenir leurs têtes exemptes de vermine ; les enfans et la populace la mangent quelquefois. Cet usage dégoûtant forme une exception singulière dans leurs mœurs. Leur délicatesse et leur propreté à