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n’y forment pas des villages ; elles sont rangées au pied des montagnes, à peu près à cent cinquante pieds de distance les unes des autres, et environnées de petites plantations de mûriers à papier, arbre qui fournit aux Taïtiens la matière première de leurs étoffes. Toute l’île, suivant le rapport de Topia, qui sûrement la connaissait très-bien, peut fournir six mille sept cent quatre-vingts combattans ; d’où il est facile de calculer quelle était la population génerale.

» L’île de Taïti produit des fruits à pain, des cocos, des bananes de treize sortes, et les meilleures que nous ayons jamais mangées ; le corossol, fruit assez ressemblant à la pomme, et qui est très-agréable lorsqu’il est mûr ; des patates douces, des ignames, du cacao ; une espèce d’arum ; le djambei, fruit que les insulaires regardent comme délicieux ; des cannes à sucre, qui se mangent crues ; le pié, racine d’une espèce d’ortie ; l’éti, dont ils ne mangent que la racine ; l’ahy, fruit qui croît en gousse comme la féve, et qui, lorsqu’il est rôti, a une saveur très-ressemblante à celle de la châtaigne ; l’ouarra (pandanus), arbre dont le fruit approche de l’ananas ; un arbrisseau appelé nono ; le morinda, qui produit aussi un fruit ; une espèce de fougère, dont on mange la racine, et quelquefois les feuilles ; le thévé, dont on mange aussi la racine. Au reste, il n’y a que la classe inférieure des Taïtiens qui se nourrisse des fruits du nono, de la fougère et du thévé ; à