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cocos et les fruits à pain commencent à manquer. Nous achetions tous ces fruits pour des quincailleries et des clous ; d’abord nous ne cédions point des clous qu’on ne nous donnât en échange quelque chose qui valût quarante pence (à peu près quatre francs de France) ; mais bientôt après nous ne pouvions pas acheter un petit cochon pesant dix ou douze livres pour moins d’une hache. Quoique ces peuples missent une très-grande valeur aux clous de fiche, comme plusieurs des gens de l’équipage en avaient, les femmes trouvèrent une manière beaucoup plus aisée de s’en procurer qu’en nous apportant des provisions.

» Les meilleurs objets pour le trafic de Taïti sont les grandes et les petites haches, les clous de fiche, les grands clous, les lunettes, les couteaux et les verroteries ; avec quelques-unes de ces marchandises on peut acheter tout ce que possèdent ces insulaires. Ils aiment beaucoup les belles toiles blanches et imprimées ; mais une hache d’un écu a chez eux plus de valeur qu’une pièce d’étoffe de 20 shillings (24 francs).

» L’île est environnée par un récif de rochers de corail, en dedans duquel on trouve plusieurs baies et des ports excellens ; celle de Matavaï, où nous étions mouillés, est assez spacieuse, et l’eau y est assez profonde pour contenir un grand nombre des plus gros vaisseaux. La côte est bordée par une belle plage sablonneuse ; par-derrière coule une rivière d’eau douce ;