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toute sorte de bons offices : les petits différens qui survinrent par intervalles ne firent pas plus de peine aux Taïtiens qu’à nous-mêmes ; ces disputes étaient toujours une suite de la situation et des circonstances où nous nous trouvions des faiblesses de la nature humaine, de l’impossibilité de nous entendre mutuellement, et enfin du penchant des Taïtiens au vol, que nous ne pouvions ni tolérer ni prévenir. Excepté dans un seul cas, ces brouilleries n’entraînèrent point de conséquences fatales, et c’est à cet accident que sont dues les mesures que j’employai pour en prévenir d’autres pareilles qui pouvaient arriver par la suite. L’impression produite sur les Taïtiens par la mort de ceux qui avaient péri dans leurs démêlés avec le Dauphin, m’avait fait espérer que je pourrais séjourner dans l’île sans y répandre du sang. C’est à quoi ont tendu toutes mes démarches pendant le temps que j’y ai demeuré, et je désire sincèrement que les navigateurs qui aborderont à l’avenir à Taïti soient encore plus heureux. Notre trafic s’y fit avec autant d’ordre que dans les marchés les mieux réglés de l’Europe. Tous les échanges furent conduits avec habileté, surtout par M. Banks, qui était infatigable pour nous procurer des provisions et des rafraîchissemens lorsqu’on pouvait en avoir ; mais, sur la fin de notre séjour, les denrées devinrent rares par la trop grande consommation que nous en faisions au fort et au vaisseau, et par l’approche de la saison où les