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trouvâmes que le rapport des insulaires était vrai ; ils étaient devenus fort amoureux de deux filles, et ils avaient formé le projet de se cacher jusqu’à ce que le vaisseau eût mis à la voile, et de fixer leur résidence à Taïti. Comme nous avions transporté de terre tout ce qui était au fort, chacun passa la nuit à bord du vaisseau.

» Topia, dont on a parlé si souvent dans cette partie de notre voyage, était au nombre des Taïtiens qui vivaient presque toujours avec nous. Nous avons déjà observé qu’il avait été premier ministre d’Obéréa, lorsqu’elle jouissait de l’autorité souveraine ; il était d’ailleurs le principal tahoua ou prêtre de l’île ; et, par conséquent, il était bien instruit des principes et des cérémonies de la religion de son île. Il avait aussi beaucoup d’expérience et de lumière sur la navigation, et il connaissait particulièrement le nombre et la situation des îles voisines. Topia nous avait témoigné plusieurs fois le désir de s’embarquer avec nous ; il nous avait quittés le 11 avec ses autres compatriotes ; mais le lendemain il revint à bord, accompagné d’un jeune homme d’environ treize ans qui lui servait de domestique, et il nous pressa de lui permettre de faire voyage sur notre vaisseau. Plusieurs raisons nous engageaient à y consentir : en apprenant son langage et en lui enseignant le nôtre, nous pouvions acquérir par-là beaucoup plus de connaissances sur les coutumes, le gouvernement