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cet ordre ne leur inspira ni crainte ni mécontentement ; ils me protestèrent que mes gens seraient mis en sûreté et renvoyés le plus tôt possible. Tandis que ceci se passait au fort, j’envoyai M. Hicks dans la pinasse pour conduire Toutahah à bord du vaisseau, et il exécuta sa commission sans que le chef ni ses sujets en fussent alarmés. Si les insulaires qui servaient de guides étaient fidèles à leur parole, et voulaient faire diligence, j’avais lieu d’espérer qu’ils ramèneraient les déserteurs avant le soir. Mes craintes augmentèrent en voyant mon espoir trompé, et à l’approche de la nuit je pensai qu’il n’était pas sûr de laisser au fort les Taïtiens que je détenais pour otages, et en conséquence je fis mener au vaisseau Toubouraï-Tamaïdé, Obéréa et quelques autres chefs. Cette démarche répandit une consternation générale ; et lorsqu’on les embarqua dans le canot, plusieurs d’entre eux, et surtout les femmes, parurent fort émues, et témoignèrent leurs appréhensions par des larmes. Je les accompagnai moi-même à bord, et M. Banks resta au fort avec quelques autres Taïtiens de trop peu d’importance pour chercher à m’en assurer autrement.

» Quelques insulaires ramenèrent Webb sur les neuf heures, et déclarèrent qu’ils détiendraient Gibson, le sous-officier et le caporal, jusqu’à ce que Toutahah fût mis en liberté. Ils employaient contre moi le moyen que j’avais pris contre eux ; mais j’étais allé trop loin pour