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» Le 10 au matin, voyant, à mon grand regret, que les deux soldats n’étaient pas de retour, on en demanda des nouvelles aux Taïtiens, qui nous avouèrent franchement qu’ils avaient dessein de ne pas retourner à bord, et qu’ils s’étaient réfugiés dans les montagnes, où il était impossible à nos gens de les trouver. Nous les priâmes de nous aider dans nos perquisitions, et après avoir délibéré pendant quelque temps, deux d’entre eux s’offrirent à servir de guides à ceux de nos gens que je jugerais à propos d’envoyer après les déserteurs. Nous savions qu’ils étaient sans armes ; je crus que deux hommes seraient suffisans pour les ramener ; je chargeai de cette commission un sous-officier et le caporal des soldats de marine, qui partirent avec leurs conducteurs. Il était très-important pour nous de recouvrer ces deux déserteurs ; je n’avais point de temps à perdre ; d’ailleurs les Taïtiens nous donnaient des doutes sur leur retour, en nous disant qu’ils avaient pris chacun une femme, et qu’ils étaient devenus habitans du pays. Je fis signifier à plusieurs des chefs qui étaient au fort avec leurs femmes, et entre autres à Toubouraï-Tamaïdé, Tomio et Oberéa, que nous ne leur permettrions pas de s’en aller tant que les déserteurs ne seraient pas revenus. Cette précaution était d’autant plus nécessaire que, si les Taïtiens avaient caché nos deux hommes pendant quelques jours, j’aurais été forcé de partir sans les ramener. Je fus charmé de voir que