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tirer de nous tout ce qu’ils pourraient pendant notre séjour.

» Nous espérions quitter l’île sans faire ou recevoir aucune autre offense, mais par malheur il en arriva autrement. Deux matelots étrangers étant sortis du fort avec ma permission, on vola le couteau de l’un d’eux. Pour tâcher de le recouvrer, il employa probablement des moyens violens. Les insulaires l’attaquèrent et le blessèrent dangereusement d’un coup de pierre. Après avoir fait une autre blessure légère à la tête de son compagnon, ils s’enfuirent dans les montagnes. Comme j’aurais été fâché de prendre aucune connaissance ultérieure de l’affaire, je vis sans regret que les délinquans s’étaient échappés ; mais je fus bientôt après enveloppé malgré moi dans une querelle qu’il n’était pas possible d’éviter.

» Clément Webb et Samuel Gibson, deux jeunes soldats de marine, désertèrent le fort au milieu de la nuit du 8 au 9, et nous nous en aperçûmes le matin. Comme j’avais fait publier que chacun devait se rendre à bord le lendemain, parce que le vaisseau mettrait à la voile ce jour-là ou le jour suivant, je commençai à craindre que les absens n’eussent dessein de rester dans l’île. Je voyais qu’il n’était pas possible de prendre des mesures efficaces pour les trouver sans troubler l’harmonie et la bonne intelligence qui régnaient entre les Taïtiens et nous, et je résolus d’attendre patiemment leur retour pendant une journée.