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les distances par un mauvais chemin, mais ils crurent qu’ils avaient encore fait environ six milles ; ils passèrent sous des voûtes formées par des fragmens de rochers, où on leur dit que couchaient souvent les insulaires lorsqu’ils étaient surpris par la huit. Ils trouvèrent bientôt après que des roches escarpées bordaient la rivière. Il en sortait une cascade qui formait un lac dont le courant était si rapide, que les Taïtiens assurèrent qu’il était impossible de le passer. Ils ne paraissaient pas connaître la vallée au delà de cet endroit ; ils ne vont que sur le penchant des rochers et sur les plaines qui sont au sommet, où ils recueillent une grande quantité de fruits du bananier sauvage, qu’ils appellent vaé. Le chemin qui conduisait des bords de la rivière sur ces rochers était effrayant : les côtés presque perpendiculaires avaient quelquefois cent pieds d’élévation : les ruisseaux qui jaillissaient partout des fentes de la surface le rendaient d’ailleurs extrêmement glissant. Cependant à travers ces précipices on avait fait un sentier, au moyen de longs morceaux d’écorces d’hibiscus tiliaceus, qui, joints l’un à l’autre, servaient de corde à l’homme qui voulait y grimper : en la serrant fortement, il s’élevait d’une saillie de rocher à l’autre, où il n’y avait qu’un Taïtien ou une chèvre qui pût placer le pied. L’une de ces cordes avait près de trente pieds de long ; les guides de M. Banks s’offrirent à l’aider, s’il voulait la monter, et ils lui firent entendre qu’à peu de