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appartenu, il est vrai, à ceux qui la réclamaient, mais que je l’avais confisquée et la lui avais vendue pour un cochon. Ces mots terminèrent toutes les clameurs : les propriétaires, sachant qu’ils ne pouvaient pas appeler de mon autorité, souscrivaient à ce qu’avait dit le voleur ; et il aurait profité de sa proie, si quelques-uns de nos gens ne m’étaient pas venus rendre compte de la dispute qu’ils avaient entendue. J’ordonnai sur-le-champ qu’on détrompât les Taïtiens ; les légitimes propriétaires reprirent leur pirogue, et Pottatou sentit si bien sa faute, que ni lui ni sa femme, qui était complice de sa friponnerie, n’osèrent de long-temps nous regarder en face.

» Le 3, dès le grand matin, M. Banks, accompagné de quelques Taïtiens qui lui servaient de guides, partit pour suivre le cours de la rivière, en remontant la vallée d’où elle sort, et voir jusqu’où ses bords étaient habités. Ils rencontrèrent, dans les six premiers milles de chaque côté de la rivière, des maisons peu éloignées les unes des autres ; la vallée avait partout environ douze cents pieds de largeur entre les bases des collines ; on leur montra ensuite une maison qu’on dit être la dernière de celles qu’ils verraient.

» Lorsqu’ils y arrivèrent, le propriétaire leur offrit pour rafraîchissemens des cocos et d’autres fruits qu’ils acceptèrent : après s’y être arrêtés peu de temps, ils continuèrent leur route assez loin. Il n’est pas facile de compter