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avions couché. Cette aventure parut oubliée de notre côté et du sien. Les insulaires nous reçurent avec beaucoup de plaisir ; ils nous donnèrent un bon souper et un logis où nous ne perdîmes rien, et où personne ne nous inquiéta.

» Le 1er. juillet, nous retournâmes au fort à Matavaï, après avoir fait le tour de l’île, que nous trouvâmes d’environ trente lieues. Nous nous plaignîmes alors de manquer de fruit à pain ; mais les insulaires nous assurèrent que la récolte de la dernière saison était presque épuisée, et que les fruits que nous avions vus sur les arbres ne seraient pas mangeables avant trois mois ; ce qui nous fit concevoir pourquoi nous en avions trouvé si peu dans notre voyage.

» Pendant que le fruit à pain mûrit dans les plaines, les Taïtiens tirent quelques secours des arbres qu’ils ont plantés sur les collines, afin d’avoir des subsistances dans tous les temps ; mais la quantité n’en est pas suffisante pour prévenir la disette. Ils se nourrissent alors de la pâte aigrelette qu’ils appellent mahié, de fruits du bananier sauvage, et de noix d’ahy qui sont en maturité, à moins que les fruits à pain ne mûrissent quelquefois plus tôt. Je ne puis pas expliquer pourquoi le Dauphin, qui était dans l’île à la même saison que nous, y en trouva une si grande abondance sur les arbres.

» Les Taïtiens, nos amis, se rassemblèrent