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de Taïti, avait fait une descente dans cet endroit, et tué un grand nombre d’habitans, dont nous voyions les os sur le rivage ; que dans cette occasion Obéréa et Omao, qui administrait alors le gouvernement de l’île pour son fils, s’étaient enfuis dans les montagnes ; que les vainqueurs avaient brûlé toutes les maisons, qui étaient très-grandes, et emmené les cochons et les autres animaux qu’ils avaient pu trouver. Nous apprîmes aussi que le dindon et l’oie que nous avions vus chez Mathiabo, le voleur de manteau, étaient au nombre des dépouilles. Cette histoire expliqua pourquoi nous les avions trouvés chez un peuple avec qui le Dauphin n’avait point eu de communications, ou du moins fort peu. Lorsque nous dîmes que nous avions vu à Tierrébou des mâchoires d’hommes suspendues à une planche dans une longue maison, on nous répondit que les conquérans les avaient emportées comme des trophées de leur victoire. Les Taïtiens font parade des mâchoires de leurs ennemis, ainsi que les naturels de l’Amérique septentrionale portent en triomphe les chevelures des hommes qu’ils ont tués.

» Dès que nous eûmes satisfait notre curiosité, nous retournâmes à notre logement, et nous y passâmes la nuit tranquillement et dans une parfaite sécurité. Le lendemain au soir, 20, nous arrivâmes à Atahourou, lieu de résidence de Toutahah, notre ami, où l’on avait volé nos habits, la dernière fois que nous y