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sept pouces de long, et deux pieds quatre pouces de largeur. Nous fûmes étonnés de voir une pareille masse construite sans instrumens de fer pour tailler les pierres, et sans mortier pour les joindre. La structure en était aussi compacte et aussi solide qu’aurait pu la faire un maçon d’Europe ; seulement les marches du côté le plus long n’étaient pas parfaitement droites : elles formaient au milieu une espèce de creux, de sorte que toute la surface d’une extrémité à l’autre présentait non pas une ligne droite, mais une ligne courbe. Comme nous n’avions point vu de carrière dans le voisinage, les Taïtiens avaient dû apporter les pierres de fort loin, et ils n’ont pour transporter les fardeaux que le secours de leurs bras. Ils avaient sans doute aussi tiré le corail de dessous l’eau ; quoiqu’il y en ait dans la mer en grande abondance, il est toujours au moins à la profondeur de trois pieds. Ils n’avaient pu tailler la pierre et le corail qu’avec des instrumens de même matière, ce qui est un ouvrage d’un travail incroyable. Il leur était plus facile de les polir : ils se servent pour cela d’un sable de corail dur, qu’on trouve partout sur les côtes de la mer. Il y avait au milieu du sommet de cette masse une figure d’oiseau sculptée en bois, et près de celle-ci une autre figure de poisson brisée, sculptée en pierre. Toute cette pyramide faisait partie d’une place spacieuse, presque carrée, dont les grands côtés avaient trois cent soixante pieds de long, et les deux