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terrent les os de leurs morts ; ils donnent le nom de moraï à ces cimetières, qui sont aussi des lieux où ils vont rendre un culte religieux. Nous fûmes bientôt frappés de la vue d’un énorme bâtiment qu’on nous dit être le moraï d’Omao et d’Obéréa, et le principal morceau d’architecture qui fut dans l’île : c’était une fabrique de pierre élevée en pyramide, sur une base en carré long, de deux cent soixante-sept pieds de long, et de quatre-vingt-sept de large ; elle était construite comme les petites élévations pyramidales sur lesquelles nous plaçons quelquefois la colonne d’un cadran solaire, et dont chaque côté est en forme d’escalier ; les marches des deux côtés étaient plus larges que celles des bouts ; de sorte que l’édifice ne se terminait pas en parallélogramme comme la base, mais en un faîte ressemblant au toit de nos maisons. Nous comptâmes onze rampes élevées chacune de quatre pieds, ce qui donne quarante-quatre pieds pour la hauteur du bâtiment. Chaque marche était composée d’un rang de morceaux de corail blanc, taillés et polis proprement. Le reste de la masse (car il n’y avait point de cavité dans l’intérieur) consistait en cailloux ronds, qui, par la régularité de leur forme, semblaient avoir été travaillés. Quelques-unes des pierres de corail étaient très-grandes ; nous en mesurâmes une qui avait trois pieds et demi de long et deux et demi de large. La base était de pierres taillées aussi en carré ; une d’elles avait à peu près quatre pieds