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» Nous vîmes à cet endroit une curiosité singulière : c’était la figure d’un homme grossièrement faite d’osier, mais qui n’était point mal dessinée ; elle avait plus de sept pieds de haut, et elle était trop grosse d’après cette proportion. La carcasse était entièrement couverte de plumes blanches dans les parties où ils laissent à leur peau sa couleur naturelle, et noires dans celles où ils ont coutume de se peindre ; on avait formé des espèces de cheveux sur la tête, et quatre protubérances, trois au front, et une par derrière, que nous aurions nommées des cornes, mais que les Indiens décoraient du nom de taté-été, petits hommes. Cette figure s’appelait Manioe, et on nous dit qu’elle était seule de son espèce à Taïti. Ils entreprirent de nous expliquer à quoi elle servait, et quel avait été leur but en la faisant ; mais nous ne connaissions pas assez leur langue pour les entendre. Nous apprîmes dans la suite que c’était une représentation de Mauvé, un de leurs Eatouas, ou dieux de la seconde classe.

» Après avoir arrangé nos affaires avec Omoé, nous nous mîmes en marche pour retourner au fort, et nous atteignîmes bientôt Opouréoneï, la péninsule nord-ouest. Nous parcourûmes quelques milles, et nous allâmes encore à terre ; nous n’y vîmes rien qui fût digne de remarque, qu’un lieu de dépôt pour les morts, régulièrement décoré. Le pavé était extrêmement propre, et on y avait élevé une pyramide d’environ cinq pieds de haut, en-