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» Nous débarquâmes ensuite dans le dernier district de Tierrébou, qui était gouverné par un chef appelé Omoé. Omoé bâtissait une maison ; il avait très-grande envie de se procurer une hache, qu’il aurait achetée volontiers au prix de tout ce qu’il possédait. Malheureusement pour lui et pour nous, nous n’en avions pas une dans la pinasse. Nous lui offrîmes de commercer avec des clous ; il ne voulut rien nous donner en échange de cette marchandise. Nous nous rembarquâmes ; mais le chef n’abandonnant pas tout espoir d’obtenir de nous quelque chose qui pût lui être utile, nous suivit dans une pirogue avec sa femme Ouna-Aouha. Quelque temps après nous les prîmes dans notre pinasse, et lorsque nous eûmes vogué l’espace d’une lieue, ils demandèrent que nous les missions à terre ; nous les satisfîmes sur-le-champ, et nous rencontrâmes quelques-uns de leurs sujets qui apportaient un très-gros cochon. Nous étions aussi empressés d’avoir cet animal qu’Omoé l’était d’acquérir la hache ; et certainement il valait bien la meilleure de celles que nous avions dans le vaisseau. Nous trouvâmes un expédient ; nous dîmes au Taïtien que, s’il voulait amener son cochon au fort à Matavaï, nous lui donnerions une grande hache, et par-dessus le marché un clou pour sa peine. Après avoir délibéré avec sa femme sur cette proposition, il y consentit, et il nous remit une grande pièce d’étoffe de son pays pour gage qu’il remplirait la convention, ce qu’il ne fit pourtant pas.