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le laissât se coucher. Banks lui fit des prières et des remontrances inutiles. Il s’étendit sur la terre couverte de neige, et ce fut avec une peine extrême que son ami le tint éveillé. Richmond, un des noirs de Banks qui avait aussi souffert du froid, commença aussi à traîner le pas. Banks envoya donc en avant cinq personnes, parmi lesquelles était Buchan, pour préparer du feu au premier endroit convenable ; et lui-même, avec quatre autres, demeura avec le docteur et Richmond, qu’on fit marcher partie de gré et partie de force : mais, lorsqu’ils eurent traversé la plus grande partie du marais, ils déclarèrent qu’ils n’iraient pas plus loin. Banks eut encore recours aux prières et aux instances ; tout fut sans effet : quand on disait à Richmond que, s’il s’arrêtait il mourrait bientôt de froid, il répondait qu’il ne désirait rien autre chose que de se coucher et de mourir. Le docteur ne renonçait pas si formellement à la vie : il disait qu’il voulait bien aller, mais qu’il lui fallait auparavant prendre un instant de sommeil, quoiqu’il eût averti tout le monde que s’endormir et périr était la même chose. Banks et les autres, se trouvant dans l’impossibilité de les faire avancer, les laissèrent se coucher, soutenus en partie sur les broussailles, et l’un et l’autre tombèrent tout de suite dans un sommeil profond.

Bientôt après, quelques-uns de ceux qui avaient été envoyés en avant revinrent avec la bonne nouvelle que le feu était allumé à un