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de pinasse. Nous étions dans une situation capable de justifier les plus-terribles craintes ; il faisait calme tout plat : il était impossible de supposer que la pinasse s’était détachée de son grappin ; nous avions de fortes raisons d’appréhender que les Taïtiens ne l’eussent attaquée, et que, profitant du sommeil de nos gens, ils n’eussent réussi dans leur entreprise. Nous n’étions que quatre ; nous n’avions qu’un fusil et deux pistolets de poche chargés, mais sans aucune provision de balles ni de poudre. Nous restâmes long-temps dans cet état d’anxiété et de détresse, attendant à tout moment que les Taïtiens fondraient sur nous, lorsque nous vîmes revenir la pinasse qui avait été chassée par la marée ; nous fûmes confus et surpris de n’avoir pas fait attention à cette circonstance.

» Dès que la pinasse fut de retour, nous déjeunâmes et quittâmes bien vite ce canton, de peur qu’il ne nous arrivât quelque autre accident. Il est situé au côté septentrional de Tierrébou, péninsule sud-est de Taïti, à environ cinq milles au sud-est de l’isthme ; on y trouve un havre grand, commode, et aussi bon que les autres qui sont dans l’île : la terre, dans les environs, est très-riche en productions. Quoique nous eussions eu peu de communication avec ce district, les habitans nous reçurent partout amicalement : il est fertile et peuplé, et, autant que nous en pûmes juger, dans un état plus florissant qu’Opoureoneï, quoiqu’il n’ait pas plus du quart de son étendue.