Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pûmes rien apprendre ; le peuple ne voulait pas ou ne pouvait pas nous entendre.

» Quand nous quittâmes cet endroit, le chef Mathiabo demanda la permission de nous accompagner, et nous y consentîmes volontiers : il passa le reste de la journée avec nous, et il nous fut très-utile en nous servant de pilote sur les bas-fonds. Sur le soir nous entrâmes dans la baie du côté du nord-ouest de l’île qui répond à celui du sud-est, car l’isthme partage l’île, comme je l’ai déjà observé. Après que nous eûmes côtoyé les deux tiers de cette baie, nous nous décidâmes à aller passer la nuit à terre. Nous vîmes à quelque distance une grande maison que Mathiabo nous dit appartenir à un de ses amis ; bientôt après plusieurs pirogues vinrent à notre rencontre ; elles avaient à bord plusieurs femmes très-belles, qui par leur maintien semblaient avoir été envoyées pour nous solliciter à descendre. Comme nous avions déjà résolu de coucher dans cet endroit, leurs invitations étaient presque superflues ; nous trouvâmes que la maison appartenait au chef du district, nommé Ouiouérou ; il nous reçut très-amicalement, et ordonna à ses gens de nous aider à apprêter nos provisions, dont nous avions alors une assez bonne quantité. Lorsque notre souper fut prêt, on nous conduisit dans la partie de la maison où Ouiouéron était assis. Mathiabo soupa avec nous, et Ouiouérou faisant aussi venir des provisions, notre repas fut très-paisible et très-gai. Dès qu’il fut fini, nous