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trouver que bous les connaissions très-particulièrement. Nous achetâmes avec beaucoup de difficulté quelques cocos ; nous nous rembarquâmes ensuite, emmenant avec nous Teahaou, un des insulaires qui nous avaient attendus chez Ouahitéa, et qui nous étaient venus rejoindre la veille, bien avant dans la nuit.

» Lorsque nous fûmes en travers de l’extrémité sud-est de l’île, nous allâmes à terre par le conseil de notre guide taïtien, qui nous dit que le pays était riche et fertile. Le chef, nommé Mathiabo, vint bientôt près de nous ; mais il parut ignorer totalement la manière dont nous commercions. Cependant ses sujets nous apportèrent quantité de cocos, et environ vingt fruits à pain. Nous achetâmes le fruit à pain très-cher ; mais le chef nous vendit un cochon pour une bouteille de verre, qu’il préféra à toutes les autres marchandises que nous pouvions lui donner. Il possédait une oie et un dindon que le Dauphin avait laissés dans l’île ; ces deux animaux étaient extraordinairement gras, et si bien apprivoisés, qu’ils suivaient partout les insulaires, qui les aimaient passionnément.

» Nous vîmes dans une grande case un spectacle tout-à-fait nouveau pour nous. Il y avait à l’un des bouts une planche en demi-cercle, à laquelle pendaient quinze mâchoires d’hommes ; elles nous semblèrent fraîches et avaient toutes leurs dents. Un coup d’œil si extraordinaire excita fortement notre curiosité ; nous fîmes plusieurs recherches ; mais alors nous ne