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traverser à la nage, et ils se jetèrent à l’eau comme une meute de chiens. Nous ne vîmes dans cet endroit aucune maison qui parût habitée, mais seulement les ruines de plusieurs grandes cases. Nous tirâmes le long de la côte qui forme une baie appelée O-Aïtipeha, et enfin nous trouvâmes le chef assis près de jolis pavillons de pirogues, sous lesquels nous supposâmes que lui et ses gens passaient la nuit. C’était un vieillard maigre, dont les ans avaient blanchi la barbe et les cheveux. Il avait avec lui une jolie femme d’environ vingt-cinq ans, et qui se nommait Toudiddé. Nous avions souvent entendu parler de cette femme ; et ce qu’on nous a dit, ainsi que ce que nous en avons vu, nous a fait penser que c’était l’Obéréa de cette péninsule. Les récifs qui sont le long de la côte forment, entre cet endroit et l’isthme, des havres où les vaisseaux pourraient être en parfaite sûreté. Tiary, fils d’Ouahïtéa, de qui nous avions acheté un cochon, nous accompagnait. Le pays que nous parcourûmes semblait être plus cultivé que le reste de l’île ; les ruisseaux coulaient partout dans des lits étroits de pierres, et le rivage paraissait aussi bordé de pierres. Les maisons ne sont ni vastes ni nombreuses ; mais les pirogues, amarrées le long de la côte, étaient innombrables : elles étaient plus grandes et mieux faites que toutes celles que nous avions vues jusqu’alors ; l’arrière était plus haut, la longueur du bâtiment plus considérable, et les pavillons soutenus par des colonnes. Presque