Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par le convoi, pour l’y transporter. Nous allâmes à pied vers le havre d’Ohidey, où mouilla M. de Bougainville. Les naturels du pays nous montrèrent l’endroit où il avait dressé ses tentes, et le ruisseau qui lui servit d’aiguade : nous n’y reconnûmes pourtant d’autres vestiges de son séjour que les trous où les piquets des tentes avaient été plantés, et un morceau de pot cassé. Nous vîmes Ereti, chef qui était son principal ami, et dont le frère Aotourou s’embarqua sur la Boudeuse.

» Ce havre est situé au côté occidental d’une grande baie, et sous l’abri d’une petite île appelée Boourou, voisine d’une autre qu’on nomme Taaouiri ; la coupure dans les rescifs est très-grande ; mais l’abri n’est pas trop bon pour les vaisseaux.

» Après que nous eûmes examiné cet endroit, nous rentrâmes dans la pinasse qui nous suivait ; nous tâchâmes d’engager Titéboalo à venir avec nous à l’autre côté de la baie ; mais il ne voulut point y consentir ; il nous conseilla même de ne pas y aller : il nous dit que ce canton était habité par un peuple qui n’était pas sujet de Toutahah, et qui nous massacrerait ainsi que lui. On imagine bien que cette nouvelle ne nous fît pas abandonner notre entreprise : nous chargeâmes sur-le-champ nos armes à feu à balles ; et Titéboalo, qui comprit que cette précaution nous rendait formidables, consentit alors à être de notre expédition.

» Après avoir vogué jusqu’au soir, nous par-