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dans la tente ; mais toutes nos prières ne purent pas engager la jeune femme à l’y suivre, quoiqu’elle parût refuser contre son inclination. Les naturels mettaient une attention extrême à l’en empêcher, ils employaient presque la force lorsqu’elle était sur le point de succomber. Ils retenaient l’enfant en dehors avec autant d’inquiétude : le docteur Solander, le rencontrant à la porte, le prit par la main, et l’introduisit dans la tente avant que les Taïtiens s’en aperçussent : mais d’autres qui s’y trouvaient déjà le voyant arriver, le firent sortir.

» Ces circonstances excitèrent vivement notre curiosité : nous nous informâmes de la qualité de nos hôtes, et nous apprîmes qu’Omao était le mari d’Obéréa ; qu’ils s’étaient séparés depuis long-temps, d’un commun accord ; et que la jeune femme et le petit garçon étaient leurs enfans. Nous apprîmes aussi que l’enfant, qui s’appelait Terridiri, était l’héritier présomptif de la souveraineté de l’île ; que sa sœur lui était destinée pour femme, et qu’on différait le mariage jusqu’à ce qu’il eût un âge convenable. Le souverain actuel de l’île était un fils d’Ouappaï, qu’on nommait Outou, et qui était encore mineur, comme nous l’avons observé plus haut. Ouappaï, Omao, et Toutahah étaient frères : comme Ouappaï, l’aîné des trois, n’avait point d’autre enfant qu’Outou, le fils d’Omao, son premier frère, était l’héritier de la souveraineté. Il paraîtra peut-être étrange