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avec de la terre. En moins de quatre heures on le rouvrit ; on en tira l’animal très-bien cuit, et nous convînmes tous que c’était un mets excellent. On ne donne point de viande aux chiens qu’on nourrit dans l’île pour la table, mais seulement des fruits à pain, des cocos, des ignames et d’autres végétaux : les Taïtiens apprêtent de la même manière toutes les viandes et les poissons qu’ils mangent.

» Le 21, nous reçûmes au fort la visite d’Omao, chef que nous n’avions pas encore vu, et pour qui les naturels du pays avaient un respect extraordinaire. Il amenait avec lui un enfant d’environ sept ans, et une jeune femme qui en avait à peu près seize : quoique l’enfant fût en état de marcher, il était cependant porté sur le dos d’un homme, ce que nous regardâmes comme une preuve de sa dignité. Dès qu’on les aperçut de loin, Obéréa et plusieurs Taïtiens qui étaient au fort, allèrent à leur rencontre, après s’être découvert la tête et le corps jusqu’à la ceinture ; à mesure qu’il approchait, tous les autres insulaires qui étaient aux environ du fort faisaient la même cérémonie. Il est probable que découvrir son corps est dans ce pays un témoignage de respect ; et comme ils en laissent voir publiquement toutes les parties avec une égale indifférence, nous fûmes moins étonnés d’apercevoir Ouratoua se mettre nue de la ceinture en bas : ce n’était peut-être qu’une autre politesse adaptée à des personnages d’un rang différent. Le chef entra