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étonnement et notre admiration. Afin d’opérer plus efficacement la réconciliation, elle nous présenta un cochon et plusieurs autres choses, et entre autres un chien. Nous avions appris que les Taïtiens regardent cet animal comme une nourriture plus délicate que le porc, et nous résolûmes à cette occasion de vérifier l’expérience. Nous remîmes le chien, qui était très-gras, à Topia, qui se chargea d’être le boucher et le cuisinier. Il le tua en lui serrant fortement avec ses mains le nez et le museau, opération qui dura plus d’un quart d’heure.

» Pendant ce temps, les Indiens firent un trou en terre d’environ un pied de profondeur dans lequel on alluma du feu ; et l’on y mit des couches alternatives de petites pierres et de bois pour le chauffer. Topia tint pendant quelque temps le chien sur la flamme ; et le raclant avec une coquille, tout le poil tomba, comme s’il avait été échaudé dans une eau bouillante : il le fendit avec la même coquille, et en tira les intestins, qui furent envoyés à la mer, où ils furent lavés avec soin, et mis dans des coques de cocos, ainsi que le sang qu’on avait tiré du corps en l’ouvrant. On ôta le feu du trou lorsqu’il fut assez échauffé, et on mit au fond quelques-unes des pierres qui n’étaient pas assez chaudes pour changer la couleur de ce qu’elles touchaient ; on les couvrit de feuilles vertes, sur lesquelles on plaça le chien avec ses intestins ; on étendit sur l’animal une seconde couche de feuilles vertes et de pierres chaudes, et on boucha le creux