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bre situé dans un de leurs enclos funéraires, un Taïtien qui l’aperçut, vint tout à coup derrière lui, et le frappa : M. Monkhouse saisit son adversaire ; mais deux autres insulaires approchèrent à l’instant, prirent le chirurgien par les cheveux, le forcèrent de lâcher leur compatriote, et s’enfuirent ensuite sans lui faire d’autre violence.

» Le 19, nous retenions toujours les pirogues : nous reçûmes le soir une visite d’Obéréa, et nous fûmes très-surpris en voyant qu’elle ne nous rapportait aucun des effets qu’on nous avait volés, car elle savait qu’elle était soupçonnée d’en avoir quelques-uns en garde. Elle dit, il est vrai, qu’Obady, son favori, qu’elle avait renvoyé et battu, les avait emportés ; mais elle semblait sentir qu’elle n’avait pas droit d’être crue sur sa parole ; elle laissa voir les signes de crainte les plus marqués ; cependant elle les surmonta avec une résolution surprenante, et elle nous fit de très-grandes instances pour que nous lui permissions de passer la nuit, elle et sa suite, dans la tente de M. Banks. Nous ne voulûmes pas y consentir ; l’histoire des habits volés était trop récente, et d’ailleurs la tente était déjà remplie d’autres personnes. Aucun autre de nous ne fut disposé à la recevoir, et elle coucha dans sa pirogue, très-mortifiée et très-mécontente.

» Le lendemain 20, dès le grand matin, elle revint au fort avec sa pirogue et ce qui y était contenu, se remettant à notre pouvoir avec une espèce de grandeur d’âme qui excita notre