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les plus fortes raisons de croire que les effets dérobés n’étaient pas dans l’île, ou que ceux qui souffraient par la détention des pirogues n’avaient pas assez d’influence sur les voleurs pour les engager à abandonner leur proie ; je me décidai enfin à les relâcher, très-mortifié du mauvais succès de mon projet.

» Il arriva sur ces entrefaites un autre accident qui fut sur le point de nous brouiller avec les Taïtiens, malgré toutes les précautions que nous prenions pour entretenir la paix. J’envoyai à terre la chaloupe afin d’en rapporter du lest pour le vaisseau ; l’officier qui la commandait, ne trouvant pas d’abord des pierres qui lui convinssent, se mit à abattre quelques parties d’une muraille qui enfermait un terrain où ils déposaient les os de leurs morts : les Taïtiens s’y opposèrent avec violence, et un messager revint aux tentes nous avertir qu’ils ne voulaient pas souffrir cette entreprise. M. Banks partit sur-le-champ et termina bientôt la dispute à l’amiable, en envoyant les gens de la chaloupe à la rivière, où l’on pouvait rassembler assez de pierres pour le lestage du bâtiment sans offenser les naturels. Il faut bien remarquer que ces insulaires paraissaient beaucoup plus jaloux de ce qu’on faisait aux morts qu’aux vivans. Ce fut le seul cas où ils osèrent nous résister ; et, excepté dans une autre occasion du même genre, ils n’ont jamais insulté qui que ce soit parmi nous, M. Monkhouse, cueillant un jour une fleur sur un ar-