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rels de ce pays une loi faite après coup ; ils n’avaient point parmi eux de loi semblable, et il me sembla que nous n’avions pas le droit de la leur imposer. En voulant jouir des avantages de la société civile, ils n’ont pas comme nous accepté pour condition de s’abstenir de vol sous peine d’être puni de mort. Je ne voulais point les exposer à nos armes à feu chargées de balles, et je ne me souciais pas trop qu’on tirât sur eux seulement avec de la poudre. Le bruit de l’explosion et la fumée les auraient d’abord alarmés ; mais, dès qu’ils auraient vu qu'il ne leur en arrivait point de mal, ils auraient peut-être méprisé nos armes, et ils en seraient venus à des insultes que nous aurions été forcés de repousser d’une manière plus à craindre pour eux. Au contraire, en ne tirant jamais qu’à balle, nous pouvions les maintenir dans la crainte qu’ils avaient de nos armes à feu, et nous mettre à l’abri de leurs outrages. Il survint alors un incident que je regardai comme un expédient, favorable à mon dessein. Une vingtaine de leurs pirogues étaient venues près de nous, chargées de poisson : je les fis saisir sur-le-champ, et conduire dans la rivière derrière le fort, et j’avertis les Taïtiens que nous allions les brûler, si on ne nous rendait pas le fourgon et les autres choses qu’ils avaient volées depuis notre arrivée dans l’île. Je hasardai de publier cette menace, quoique je ne fusse pas dans le dessein de la mettre à exécution ; je ne doutais pas qu’elle ne parvînt