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les hommes morts dans une peau, et les suspendaient en l’air avec une chaîne. Cet usage des habitans de la Colchide avait sa source dans leur croyance religieuse. La terre et l’air étaient les principaux objets de leur culte ; et l’on croit que, par une suite de quelque principe superstitieux, ils dévouaient leurs morts à ces deux élémens. Nous n’avons jamais pu découvrir positivement si les Taïtiens adoptent de pareils principes ; mais nous reconnûmes bientôt que les cimetières sont aussi des lieux où ils vont rendre une sorte de culte religieux. Nous observerons en passant que, quoiqu’il soit très-absurde d’imaginer que le bonheur ou le malheur d’une vie future dépend, en quelque manière, de la façon dont on disposera des cadavres, lorsque le temps de l’épreuve sera passé, cependant rien n’est plus général que cette espèce d’inquiétude parmi les hommes. Malgré le mépris que nous avons pour les cérémonies funéraires, qui ne nous sont point familières par l’habitude, ou que la superstition ne nous a pas rendues sacrées, la plupart des hommes s’occupent gravement à empêcher que leur corps ne soit rompu dans un champ par le hoyau du laboureur, ou dévoré par les vers, lorsqu’il ne sera plus capable de sensation ; ils le font placer à prix d’argent dans une terre sainte, lors même qu’ils croient que le sort de sa future existence est irrévocablement décidé. Nous sommes si fortement portés à associer des idées de sensations agréables ou doulou-