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plus immédiate de la Divinité. Vis-à-vis le carré, il y avait un endroit où les parens du défunt allaient payer le tribut de leur douleur ; et au-dessous du tendelet on trouvait une quantité innombrable de petites pièces d’étoffe, sur lesquelles les pleureurs avaient versé leurs larmes et leur sang ; car, dans les transports de leur chagrin, c’est un usage universel parmi eux de se faire des blessures avec la dent d’un requin. À quelques pas de là, on avait dressé deux petites huttes ; quelques parens du défunt demeurent habituellement dans l’une, et l’autre sert d’habitation au principal personnage du deuil, qui est toujours un homme revêtu d’un habillement singulier, et qui fait des cérémonies que nous rapporterons plus bas. On enterre ensuite les os de morts dans un lieu voisin de celui où on élève ainsi les cadavres pour les laisser en pouriture.

» Il est impossible de deviner ce qui peut avoir introduit parmi ces peuples l’usage d’élever le mort au-dessus de la terre, jusqu’à ce que la chair soit consumée par la putréfaction, et d’enterrer ensuite les os ; mais c’est une chose digne de remarque, qu’Élien et Apollonius de Rhodes attribuent une coutume semblable aux anciens habitans de Colchide, pays situé près du royaume de Pont en Asie, et qu’on appelle aujourd’hui la Mingrélie ; excepté pourtant que cette manière de disposer des morts n’avait pas lieu pour les deux sexes ; ils enterraient les femmes, mais ils enveloppaient