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au delà de quoi se dédommager des peines qu’il se donnerait, et cueillir des plantes nouvelles sur ces montagnes, où aucun botaniste n’avait encore pénétré. Ils entrèrent dans le bois par une petite plage sablonneuse, située à l’ouest de l’aiguade, et ils continuèrent à monter jusqu’à trois heures après midi sans trouver aucun sentier, et sans pouvoir arriver à la vue du terrain qu’ils voulaient visiter. Bientôt après ils parvinrent à l’endroit qu’ils avaient pris pour une plaine ; ils furent très-contrariés de reconnaître que c’était un terrain marécageux, couvert de petits buissons de bouleaux d’environ trois pieds de haut, si bien entrelacés les uns dans les autres, qu’il était impossible de les écarter pour s’y frayer un passage. Ils étaient obligés de lever la jambe à chaque pas, et ils enfonçaient dans la vase jusqu’à la cheville du pied. Pour aggraver la peine et la difficulté d’un pareil voyage, le temps, qui jusqu’alors avait été aussi beau que dans les premiers jours du moi de mai en Europe, devint nébuleux et froid, avec des bouffées d’un vent très-piquant, accompagné de neige. Malgré leur fatigue, ils allèrent en avant avec courage. Ils croyaient avoir passé le plus mauvais chemin, et n’être plus éloignés que d’un mille du rocher qu’ils avaient aperçu. Ils étaient à peu près aux deux tiers de ce bois marécageux, lorsque Buchan, un des dessinateurs de Banks, fut saisi d’un accès d’épilepsie. Toute la compagnie fut obligée de faire halte, parce qu’il lui était impossi-