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ment de soldats bien armés. Nous nous avançâmes vers le rivage, suivis d’un autre canot sous les ordres de M. Cumming, mon premier lieutenant. Lorsque nous n’étions plus qu’à une petite distance de la grève, nous vîmes que cette troupe se montait à environ cinq cents hommes, dont quelques-uns étaient à pied, et le plus grand nombre à cheval. Ils étaient rangés sur une pointe de roche qui s’avance dans la mer à une distance assez considérable, et continuaient de faire flotter leur pavillon, et de nous inviter par des gestes et par des cris à nous rendre auprès d’eux ; mais la descente n’était pas aisée, parce qu’il y avait peu d’eau et de très-gros rochers le long du rivage. Je n’aperçus entre leurs mains aucune espèce d’armes ; cependant je leur fis signe de se retirer en arrière, ce qu’ils firent sur-le-champ : ils ne cessaient pas de nous appeler à grands cris ; et bientôt nous prîmes terre, mais non sans difficulté : la plupart de nos gens eurent de l’eau jusqu’à la ceinture. Descendu à terre, je fis ranger ma troupe sur le bord du rivage, et j’ordonnai aux officiers de garder leur poste jusqu’à ce que je les appelasse ou que je leur fisse signe de marcher.

« Après avoir fait cette disposition, j’allai seul vers les Indiens ; mais, les voyant se retirer à mesure que j’approchais, je leur fis signe que l’un d’eux devait s’avancer. Ce signe fut entendu, et aussitôt un Patagon, que nous prîmes pour un des chefs, se détacha pour venir