puits, où sans doute le Centurion avait fait son eau. L’eau en était saumâtre et pleine de vers. La saison rendait la rade fort dangereuse ; plusieurs matelots furent attaqués de la fièvre. Enfin Byron ne trouva pas à Tinian cette terre délicieuse qui avait enchanté Anson. On y cueillit des citrons, des oranges amères, des cocos, des fruits à pain, des goyaves ; mais il fut impossible d’y découvrir des melons d’eau, de l’oseille, ni d’autres plantes anti-scorbutiques. La chaleur était étouffante, les pluies continuelles et violentes ; les mille-pieds, les scorpions, de grosses fourmis, dont les morsures sont dangereuses, d’autres insectes venimeux tourmentaient les Anglais. Le bétail ne se trouvait qu’à une grande distance du camp, et si ombrageux, qu’il était difficile d’en approcher d’assez près pour le tirer. Lorsqu’un taureau avait été traîné l’espace de sept à huit milles à travers les bois et les broussailles, il était couvert de mouches, exhalait une odeur fétide, et n’était plus bon à rien. On parvenait avec beaucoup moins de peine à se procurer de la volaille, les bois de l’île étant peuplés d’une si grande quantité d’oiseaux, qu’on pouvait toujours en tirer aisément ; mais la chair en était généralement de mauvais goût, et l’excès de la chaleur les faisait tomber en pouriture une heure après qu’ils avaient été tués. La plus grande ressource, pour la viande fraîche, était celle des sangliers. Il y en avait de si gros, qu’ils pesaient deux cents livres.
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