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jusqu’aux sabords, s’insinuèrent par-là dans l’intérieur, se saisirent de tout ce qu’ils rencontrèrent, et, se replongeant incontinent dans la mer, nagèrent à une très-grande distance, quoiqu’il y en eût parmi eux qui, ayant les mains pleines, les tenaient hors de l’eau pour ne pas mouiller ce qu’ils emportaient.

» Ces insulaires étaient grands et bien faits ; ils avaient le teint bronzé-clair, les traits du visage assez agréables, et remarquables par un mélange d’intrépidité et d’enjouement qui est frappant. Leurs cheveux, qu’ils portent dans toute leur longueur, sont noirs ; les uns les ont noués derrière la tête, en une grosse touffe ; les autres en font trois nœuds. On en voit avec de longues barbes ; d’autres n’ont que des moustaches ; quelques-uns portent seulement un petit bouquet de poils à la pointe du menton. Ils sont entièrement nus, n’ayant sur le corps que des colliers, des bracelets et des ceintures, qui sont faits de coquillages assez artistement arrangés. Tous avaient les oreilles percées, mais sans aucun ornement ; quelques-uns cependant doivent en porter parfois de très-pesans, car les lobes de leurs oreilles leur descendaient jusque sur les épaules, ou bien étaient fendus en totalité. Un de ces Indiens, qui paraissait jouir de quelque considération, avait pour ceinture un cordon garni de dents humaines : c’étaient vraisemblablement les trophées de ses exploits guerriers, car il ne voulait l’échanger contre rien de ce qu’on pouvait lui offrir. Les