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» Le 2 juillet des volées d’oiseaux nous annoncèrent une île que nous vîmes bien le lendemain. Elle était basse, unie, couverte de beaux arbres, entre lesquels se distingue le cocotier. Je m’approchai de terre le plus qu’il me fut possible, malgré les brisans, et je découvris un grand nombre d’insulaires assemblés sur la plage. Bientôt plus de soixante pirogues ramèrent vers nos vaisseaux, et en un moment se rangèrent autour de nous ; elles étaient fort bien construites, et extrêmement propres. Chacune contenait trois Indiens au moins, et six au plus.

» Nous ayant considérés quelque temps, l’un d’eux se jeta à la mer, nagea vers le vaisseau, et y grimpa comme un chat. Dès qu’il fut monté sur le pont, il s’y assit en faisant de grands éclats de rire. Il parcourut ensuite tout le vaisseau, s’efforçant de dérober tout ce qui lui tombait sous la main, mais sans succès ; car son état de nudité complète ne lui permettait de rien cacher. Les matelots le vêtirent d’un pantalon et d’une veste, ce qui nous divertit beaucoup, car il avait les gestes et les manières d’un singe nouvellement dressé. On lui donna du pain qu’il mangea avec une sorte de voracité ; et, après avoir fait nombre de tours grotesques, il s’élança par-dessus le bord dans la mer avec sa veste et son pantalon, et regagna sa pirogue. Il n’y fut pas plus tôt rentré, que plusieurs autres, à son imitation, nagèrent vers le vaisseau, grimpèrent