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tâmes quelques bagatelles pendant qu’il parlait encore ; mais il n’y toucha point, et ne voulut pas permettre aux siens de les ramasser avant qu’il achevât sa harangue. Alors il s’avança dans la mer, jeta son rameau vert à nos gens, et prit ensuite nos présens. Toutes les apparences nous donnant une bonne idée de ces Indiens, nous leur fîmes signe de poser bas les armes ; la plupart les quittèrent sur-le-champ. Un officier, encouragé par ce témoignage d’amitié, se mit à la nage, et, traversant les lames, arriva dans l’île. Les Indiens l’entourèrent aussitôt, et se mirent à examiner ses habits avec beaucoup de curiosité ; sa veste attira surtout leur admiration : alors il s’en dépouilla pour la donner à un de ses nouveaux amis ; complaisance qui produisit un mauvais effet, car un insulaire lui dénoua sa cravate, la lui arracha et prit la fuite. L’officier, comprenant qu’on finirait par ne rien lui laisser sur le corps, se hâta de regagner le canot à la nage. Plusieurs Indiens nagèrent jusqu’à nos canots, les uns avec des fruits, d’autres avec des écales de cocos remplies d’eau douce. Nos matelots, qui désiraient beaucoup obtenir des perles, montraient aux Indiens des écailles d’huîtres perlières qu’ils avaient ramassées sur la plage de l’île où nous étions descendus ; jamais ils ne parvinrent à se faire entendre. La côte n’offrait aucun mouillage ; nous ne pûmes descendre sur cette île. Nous lui donnâmes, ainsi qu’à celle qui en est