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que les sauvages des îles du Désappointement. On apercevait dans l’intérieur de l’île une grande lagune qui, du côté opposé ou du sud-ouest, n’était séparée de la mer que par une langue de terre étroite. Un village indien était situé au milieu d’un bois de cocotiers. Deux canots armés, que j’envoyai sonder le long de la côte, me rapportèrent que partout elle était bordée d’un rocher aussi escarpé qu’un mur, à l’exception d’une ouverture qui communiquait avec la lagune, et dont la largeur égalait à peine la longueur d’un vaisseau. Pendant que nous étions en travers devant cette entrée, quelques centaines d’Indiens, rangés en bon ordre, s’avancèrent dans l’eau jusqu’à la ceinture, armés comme les autres naturels des autres îles ; ils poussaient des hurlemens affreux. Bientôt des pirogues descendirent la lagune pour se joindre à eux. Nos canots s’efforçaient de leur faire des signes d’amitié. Quelques pirogues se détachèrent de l’île et s’avancèrent vers nos gens. Je crus d’abord que c’était dans de bonnes intentions, et qu’il allait s’établir entre nous un commerce d’amitié ; mais nous reconnûmes bientôt que l’unique dessein des Indiens était d’échouer nos canots sur le rivage ; un grand nombre s’élancèrent dans la mer et nagèrent vers nos embarcations ; l’un d’eux, sautant dans le canot de la Tamar, saisit avec une prestesse extrême la veste d’un matelot, se jeta à l’eau et plongea ainsi jusqu’au rivage, où il reparut avec sa capture à la main. Un autre avait em-